La vraie écoute : un trésor inestimable
- Marie-Eve Côté

- 11 sept.
- 3 min de lecture

La vraie écoute est une denrée rare.
Et précieuse.
Dans mon rôle d'accompagnante au quotidien, je suis témoin de ces dynamiques chaque jour, où l'écoute active fait toute la différence dans l'accompagnement des personnes.
Je suis certaine que vous vous êtes déjà retrouvé devant une personne qui ne vous écoutait pas vraiment. Généralement, les gens entendent plus qu'ils n'écoutent réellement.
Il y a ceux qui s’écoutent parler, évidemment. Ceux qui écoutent distraitement, le regard fixé sur leur téléphone. Ou bien ceux qui, sans réfléchir, comparent tout de suite : « Ah, mais moi, c’est bien pire, tu sais… ». Il y a aussi ceux qui nous rappellent qu’on n’a pas à se plaindre, parce que notre situation est bien meilleure que celle des autres. Il y a ceux qui semblent écouter, mais qui, en réalité, ne font que projeter sur nous leur propre vision du monde, leurs insécurités, leurs peurs. Et puis il y a ceux qui n’attendent qu’une chose : que vous ayez enfin terminé de parler pour pouvoir ramener la conversation à eux, leurs histoires, leurs opinions, voire, et c’est pire, leurs solutions !
Ces fameuses solutions qu’on a déjà envisagées, mais auxquelles on n’est pas encore prêt à adhérer. Si on parle de ce que l’on vit ou ressent, ce n’est pas pour entendre une solution immédiate, mais pour être écoutée et comprendre soi-même ce que l’on traverse. Avant de résoudre, il faut d'abord mettre de l'ordre dans nos pensées. Et ça, peu de gens le comprennent vraiment. Ce n'est pas malveillant, bien sûr, mais c’est souvent maladroit. Parfois, dans une conversation, on est tellement concentré sur la prochaine chose qu’on va dire qu’on oublie de vraiment écouter l'autre.
Hier, je me promenais dans mon quartier, sentant déjà la fraîcheur du vent annonçant la fin de l’été. L’odeur des fleurs flottait encore dans l’air, un parfum doux et mélancolique. Au détour d’une rue, j'ai surpris une conversation entre trois amies. Ce genre de moments, où l'écoute active devient essentielle, me rappelle chaque jour à quel point il est important de prendre soin des autres, dans les petites choses du quotidien.
« Cette odeur ! Elle me rappelle tellement ma grand-mère décédée…» disait l'une d'elles, les yeux soudainement perdus dans un autre temps.
« Bah, tu sais, il faut aller de l’avant. Ça ne sert à rien de pleurer les morts ! » répondit son amie, d’un ton un peu abrupt.
Un lourd silence s'installa entre les deux.
Mais l’autre amie, plus attentive, prit la parole :
« Tu parles de cette odeur de fleurs ? »
« Oui, exactement. Ma grand-mère les cultivait dans son jardin. Et à la fin de chaque été, j’allais les cueillir, les mettre dans un joli vase en terre et les disposer sur la table. C’était notre rituel, celui du début d’automne. Depuis toute petite, c'était notre tradition. »
La femme qui avait bien écouté murmura doucement : « Tu as de très beaux souvenirs associés à cette odeur de fleurs. »
« Oui, vraiment… Ces fleurs n’étaient pas seulement décoratives. C’était aussi un moment où ma grand-mère était plus présente, plus disponible. On passait des heures à discuter ensemble autour d’une tasse de chocolat chaud. Ces moments étaient comme un refuge pour moi. »
L’amie empathique, touchée, ajouta : « Tu sais, parfois ces souvenirs qui nous décrochent une larme sont aussi ceux qui nous réconfortent le plus, pas vrai ? »
L’éplorée sourit faiblement, comme apaisée. « Oui, c’est vrai. Et je crois qu’ils resteront toujours avec moi… Ce sont des souvenirs précieux. »
L'amie, un sourire malicieux aux lèvres, proposa alors : « Et si on allait trouver ces fleurs et les cueillir ensemble ? Puis, on s’installerait avec une bonne tasse de chocolat chaud, pour revivre ce moment, à ta manière. »
Alors, après un petit silence, la dame qui avait été plus distraitement présente regarda son amie, et d’un ton plus doux elle lui dit : « Désolée, je n'avais pas bien écouté tout à l'heure… Comme les souvenirs sont douloureux pour moi, j’ai appris à les ignorer, à les repousser. C’est plus facile, tu sais. »
Les trois amies s’éloignèrent dans la ruelle, leurs pas légers, à la recherche de ces fleurs, symboles de leurs souvenirs partagés. Et dans ce moment, l’écoute mutuelle entre elles créa un espace de réconfort et de guérison, quelque chose que je m’efforce de cultiver chaque jour dans mon travail d’accompagnement à domicile.




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